Père Jean Wauthier bientôt béatifié...

Mort martyr au Laos en 1967

Né à Fourmies en 1926.
C'est une grande nouvelle annoncée au monde...,
qui peut être annoncée aussi à Fourmies...
C'est une joie de vous l'annoncer sur notre site...
Amen, alléluia...

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Le P. Jean Wauthier (1926 - 1967)

 

Né dans le diocèse de Cambrai, au nord de la France, Jean Wauthier avait connu, lui aussi, dans son adolescence, les tourments de l'exode de 1940, et s'était retrouvé dans le sud-ouest du pays où il fit son petit séminaire. Revenu dans le nord, il entra au noviciat de Pontmain en 1944. D'un physique robuste, d'une droiture morale à toute épreuve, il n'est pas étonnant qu'appelé au service militaire, il ait choisi le corps des parachutistes. De retour au scolasticat de Solignac, il est de ceux que les travaux manuels ne rebutent pas, et Dieu sait s'il y en a, et de pénibles, en ces années d'aménagement de la vieille abbaye de saint Éloi pour y maintenir une bonne centaine de scolastiques. Il demande évidemment à partir en mission et il a le bonheur d'être envoyé au Laos.

 

Chez les Khmuh

 

Il y arrive en 1952 et va être sans tarder mis au service de la mission chez les Khmuh, et pratiquement toujours avec les gens du même village qu'il suit à travers leurs déplacements. De fait, c'est lui qui les incite à quitter Nam-Mon, où ils ont été baptisés, pour, Khang-Si, un meilleur emplacement, où ils pourront bénéficier de la rizière inondée. Là, Jean a réalisé un système d'adduction d'eau au moyen de bambous qui fait le bonheur des villageois libérés de la contrainte d'aller chercher l'eau au loin. Hélas, cette installation ne durera que peu d'années: dès 1961, tout le village doit se replier à la limite de la Plaine des Jarres, à Ban-Na d'abord, puis ensuite à Hin-Tang. Jean, après l'alerte de janvier 1961, a été retiré pour un temps de ce secteur. Il fera un stage de deux années à Paksane (octobre 1961 – décembre 1963). On peut lui faire confiance pour le travail qui lui est demandé, que ce soit l'enseignement, le sport ou la musique. Chaque samedi, il s'évade du séminaire pour la pastorale dominicale dans les villages des alentours. Mais il reste bien clair qu'il n'aspire qu'à retrouver le plus tôt possible ses chers Khmuh.

 

La nourriture se fait rare

 

En décembre 1963, il réintègre l'équipe de l'apostolat chez les Khmuh, installée désormais à Vientiane où elle travaille en premier lieu à la formation des catéchistes qui seront envoyés dans les villages. Dans la montagne, parmi tous ces réfugiés que la guerre a chassés de chez eux c'est la misère qui s'est installée. Il n'est pas possible d'obtenir des récoltes régulières, et quand on a réussi à cultiver un champ de riz, rien ne dit qu'on pourra en faire la moisson: nouvelles attaques, mines posées un peu partout le long des pistes. Il en va de même pour la pénurie de médicaments. Jean, de fait, passera le plus clair de ses dernières années à Hin-Tang et il se consacrera beaucoup à la tâche difficile de répartir équitablement l'aide humanitaire qui est la clé de la survie de ces populations. Et c'est bien là que se noue le drame, car même dans la pire misère il y a encore exploitants et exploités. Les pauvres Khmuh étaient toujours du côté des exploités. Jean a essayé de les défendre, sans pour autant les favoriser, car il savait se mettre au service de tous. Cela n'avait, toutefois, pas l'heur de plaire à tous: les militaires des forces spéciales qui s'arrogeaient le droit de contrôler les distributions et, donc, de se bien servir les premiers eux et les leurs, voyaient cela d'un très mauvais oeil.

 

La mort du P. Jean

 

Y avait-il eu des polémiques, voire des menaces précises? Jean ne semble pas en avoir fait état au Laos. Pourtant, au cours de son congé en France en cette année 1967, il aurait dit au moins une fois que si jamais il était tué, ce serait à cause de son travail pour les Khmuh de Hin-Tang. Il reste que les Hmong de Ban-Na ne lui avaient pas pardonné le déplacement des Khmuh chrétiens vers Hin-Tang qui les avait privés d'une part du ravitaillement qu'ils convoitaient. Ils étaient donc décidés à se venger.

Or, en cette semaine avant Noël, Jean avait voulu rendre visite à un petit groupe de Khmuh resté dans les environs de Ban-Na. Il s'y rendit en ayant averti le chef militaire de son passage. L'occasion était belle: sous le couvert d'une attaque simulée des Lao-Viêt, il fut agressé alors qu'il revenait à Hin-Tang, le soir du samedi 16 décembre. Deux coups de feu en pleine poitrine et le Père s'affalait. Le corps fut transporté à Vientiane le lendemain. Le gouvernement fut prompt à mettre l'affaire au compte des communistes, et telle fut la vérité officielle. La vérité des faits était tout autre, elle fut connue très vite, mais nul n'en pouvait faire état dans les circonstances d'alors. Transcrivons ce qu'on a écrit à l'époque:

 

" Pourquoi a-t-il été tué? Nul ne le saura sans doute jamais. Le sens de l'organisation et l'ingéniosité qu'il a déployés pour préserver et répartir l'aide humanitaire, ont pu indisposer; et cette aide, tombée du ciel, a certainement aiguisé les appétits et excité les convoitises.

Ce qui est sûr, c'est qu'il a été tué dans l'exercice du ministère apostolique et à cause de lui."

 

Au lendemain un des catéchistes écrivait à ses parents:

 

"Le Père Jean est mort parce qu'il nous aimait et n'a pas voulu nous abandonner."

Article publié par Didier Doutriaux • Publié le Mercredi 17 juin 2015 • 2022 visites

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